Peut-être as-tu déjà eu recours à des plateformes digitales mettant instantanément en relation des particuliers à des prestataires de services, comme Uber pour un transport en voiture. Si le concept de ces plateformes est révolutionnaire de part sa praticité inégalée, ces plateformes ont également donné naissance à un nouveau modèle d’emploi, connu sous le nom d’ubérisation des travailleurs.
En quoi consiste le phénomène d’Ubérisation des travailleurs ?
L’ubérisation des travailleurs fait référence au nombre croissant de travailleurs indépendants, c’est-à-dire non-salariés. Le mot “ubérisation” vient du nom de l’entreprise Uber, qui propose des services de transport à la personne en mettant en relation des travailleurs indépendants et des clients.
En 2018, près de 200 000 travailleurs étaient des travailleurs ubérisés en France. Ce phénomène d’ubérisation des travailleurs est donc associé à la popularité grandissante du modèle initié par Uber. Dans ce modèle, des entreprises proposant des services via des plateformes digitales, tels que la livraison de repas à domicile ou les services de transport à la personne, font appel aux services de freelances qu’elles rémunèrent à la tâche et mettent en relation avec des clients. Un chauffeur VTC réalisant des prestations de services pour Uber est par exemple un travailleur ubérisé.
Les travailleurs ubérisés sont donc impérativement des travailleurs indépendants, ayant typiquement le statut de micro-entrepreneur. Alors que certains experts voient dans ce phénomène la fin du salariat, d’autres le considèrent simplement comme une tendance passagère.
Les opportunités liées à l’Ubérisation du travail
Si la popularité du modèle d’emploi promu par Uber est grandissante, c’est parce qu’elle génère certaines opportunités pour les plateformes comme pour les travailleurs indépendants. Le phénomène est créateur d’emplois, notamment grâce à la souplesse du travail qu’il garantit.
Être un travailleur ubérisé confère certains avantages liés à la flexibilité du travail et à l’émancipation des contraintes traditionnelles du salariat. Ainsi, les travailleurs ubérisés n’ont par exemple pas à avoir de bureau physique, et évitent donc de devoir payer un loyer. De même, ils peuvent souvent choisir librement leurs horaires, leurs jours de congé, mais aussi leurs clients ou leurs missions.
Par ailleurs, ce type de travail flexible est adapté aux étudiants. Il peut aussi constituer une source de revenus complémentaires.
Les plateformes numériques du type Uber connectent instantanément prestataires et clients, ce qui permet aux travailleurs indépendants de trouver rapidement et facilement une clientèle.
Enfin, pas de complications liées au statut juridique. Les travailleurs ubérisés sont des micro-entrepreneurs et bénéficient donc d’obligations déclaratives et fiscales simplifiées.
Les challenges du modèle Uber de l’emploi
Malgré ces avantages évidents, beaucoup mettent en garde des challenges et possibles problèmes liés à l’ubérisation croissante des travailleurs.
Travailler en tant que freelance pour certaines plateformes mettant en relation prestataires et clients peut parfois relever de ce qu’on appelle le salariat déguisé. Certaines de ces plateformes sont critiquées pour les commissions qu’elles déduisent des revenus des travailleurs indépendants. De plus, elles imposent aussi parfois aux travailleurs des contraintes quant à l’exercice de l’activité.
Une autres des principales critiques du phénomène d’ubérisation du travail concerne la protection sociale des travailleurs. Les travailleurs ubérisés ne disposent le plus souvent pas de contrats de travail avec les plateformes de mise en relation, mais de contrats commerciaux. La protection sociale de ces travailleurs ubérisés est généralement moins optimale que celles des salariés.
Cependant, la Loi Travail du 8 Août 2016, aussi appelée Loi El Khomri, a instauré pour les plateformes de mise en relation de travailleurs indépendants avec des clients un devoir de responsabilité sociale à l’égard des travailleurs. Cette loi précise qu’au-delà d’un certain seuil de chiffre d’affaires réalisé par le travailleur indépendant, la plateforme doit prendre en charge certains frais des travailleurs et cotisations sociales, comme le coût des cotisations accident du travail si le travailleur souscrit personnellement à cette assurance.
Enfin, cette révolution du marché du travail implique une façon différente de travailler de celle du salariat. D’après l’INRS, le travail ubérisé pourrait présenter des risques, notamment en matière de santé, car les travailleurs sont généralement isolés, et les tâches relativement standardisées.
Des changements législatifs à l’horizon ?
Même si les travailleurs ubérisés sont toujours généralement considérés comme des travailleurs indépendants, plusieurs groupes et experts souhaitent l’introduction d’un statut hybride, à mi-chemin entre celui des travailleurs indépendants et des salariés. Ces acteurs affirment que la réalité des travailleurs ubérisés est à mi-chemin entre ces deux statuts car les libertés habituellement associées aux travailleurs indépendants sont limitées.
La cour d’appel de Paris a notamment conclu en Janvier dernier que le statut des travailleurs de l’entreprise Uber ne relève pas du non-salariat pur. Cette décision laisse penser que des jugements similaires pourraient être appliqués à des entreprises suivant le modèle d’emploi promu par Uber.
Par ailleurs, une initiative citoyenne européenne demandant à la commission Européenne de travailler au renforcement des droits des travailleurs “ubérisés” a été lancée. Si cette initiative intitulée #NewRightsNow collecte assez de signatures, la Commission Européenne se penchera sur le dossier. De nouveaux développements en matière de législation sont donc à prévoir.